Nos émotions ont mauvaise réputation. Qu''est-ce qu'on ne ferait pas pour ne plus les ressentir ? Et pourtant, elles sont la clé de notre libération.
Aujourd'hui, parlons des émotions, un sujet populaire dans nos vies bien qu'on ne les aime pas trop, voire pas du tout !
L'anxiété, la dépression, la honte, l'ennui, la culpabilité, le ressentiment, l'humiliation, le regret, le dégoût, la tristesse, l'envie, la culpabilité (la liste est longue, très longue...) nous bousculent physiquement et mentalement.
Et comme elles sont inconfortables, on a tôt fait de les étiqueter comme indésirables.
Elles n'ont pas le droit d'être là.
On cherche donc à s'en débarrasser au plus vite et par tous les moyens.
Et ça, c'est un peu bizarre, car la Vie, elle, ne se prive pas de nous fournir une panoplie quasi inépuisable de sentiments et d'émotions en tous genres.
Pourrait-il y avoir une (bonne) raison à cela ?
C’est une question que j’ai fini par me poser… mais cela m'a pris du temps.
Pendant longtemps, j'ai traîné avec moi la tristesse, une émotion dominante présente depuis mon enfance. C'était comme un poids, une chape de béton dans la poitrine, de la boue dans le coeur.
Bien sûr, elle ne venait pas seule : l'irritabilité, le pessimisme et l'anxiété faisaient aussi partie du pack.
Mais la tristesse était toujours là, en toile de fond. Je ne m'en rendais même pas compte, tant elle se fondait dans le décor. J'étais malheureuse comme les pierres, avec des phases dépressives dès l'adolescence.
J'ai fini par me dire qu'il y avait quelque chose qui clochait chez moi.
Comment accéder à la joie de vivre qu'on qualifiait de "normale" ? Pourquoi moi, je n'y avais pas droit ?
Je voulais me débarrasser coûte que coûte et illico presto de toutes ces émotions qui me pourrissaient la vie et enfin goûter à la légèreté et l'insouciance propres à mon âge.
Bref, vivre le bonheur, quoi !
Pas si simple, car j'étais persuadée, à l'époque, que le problème venait des autres, de ceux que je côtoyais au quotidien : la remarque d'un prof qui me mettait en colère, les railleries de mes potes au lycée qui me déprimaient, un examen qui me faisait peur...
J'ai donc essayé de changer tout cela : éviter les situations inquiétantes, me couper des personnes responsables de mon malheur, mendier de l'appréciation et de l'approbation autour de moi.
Rien de bien original là-dedans.
Ceci dit, même si la situation changeait ou la personne disparaissait de ma vie ou qu'on me trouvait cool, ma tristesse et ses copines étaient toujours accrochées à moi comme des moules sur un rocher.
Et puis un jour, j'ai entendu une conversation entre deux de mes tantes qui bavardaient dans une pièce à côté... Elles parlaient de mon sujet préféré : moi. Elles étaient visiblement inquiètes : "Après tout ce qu'elle a dû traverser étant gosse, pas étonnant que..."
Quelle aubaine pour un ego en quête de responsables ! J'ai trouvé là une source quasi inépuisable de raisons de me sentir mal : mon passé et les gens qui l'avaient peuplé...
Cela m'a donné un os à ronger pendant quelques belles années. Je me suis sentie de plus en plus impuissante, indignée et enragée, victime à vie d'une grande injustice.
Et mes proches en ont pris plein les dents...
Résultat : des casseroles supplémentaires à trimbaler et une bonne dose de culpabilité et de honte à rajouter à ma panoplie d'émotions plombantes.
J'ai sorti l'artillerie lourde : je les ai refoulées, noyées, enfumées, niées, ignorées... tout pourvu qu'elles se taisent.
J'y ai gagné une toux chronique, du surpoids et des gueules de bois.
Impossible de se débarrasser du spleen, au contraire, cela n'a fait que l'empirer.
Mais j'ai fini par réaliser que quand on enterre nos émotions, on les enterre vivantes. Et elles deviennent de plus en plus féroces. On n’arrive pas à les bâillonner bien longtemps, dès qu’on tourne le dos, qu’on baisse la garde, elles hurlent.
Il faut déployer de nouvelles armes, gonfler les effectifs.
Le corps devient un champ de bataille. Et l’État-major, entre nos deux oreilles, est en déroute.
La vie devient vite chaotique et ingérable.
Les émotions sont le langage de la Vie et force est de constater qu’elle exige d’être entendue…
Et j’ai pigé que je devais m’occuper des émotions elles-mêmes. Et alors, je l’aurai mon nirvana !
Fastoche. On remonte ses manches et on y va. J’ai commencé à prêter l’oreille à mes émotions.
La compréhension, la méthode douce. Voilà ce qui allait enfin marcher, enfin me libérer...
J’ai appris que ce qui marche avec les émotions, c’est l’accueil. Il faut les écouter, les exprimer, les défouler, les apprivoiser, les gérer, les dorloter, en parler à ses amis, comprendre que c’est normal de les ressentir après tout ce qu’on a pu subir comme abandon, comme déceptions, comme claques dans la vie.
J’ai commencé à bassiner mon entourage avec mes histoires d’enfance de plus en plus mélodramatiques (pour faire un meilleur effet… ). Je cherchais des âmes tourmentées comme la mienne, de ceux qui en avaient bavé (mais jamais autant que moi) pour qu'on puisse pleurer ensemble nos drames d'enfance.
J’ai dû subir l’indifférence et l’ennui de personnes “dures et insensibles” que mes histoires n’intéressaient guère.
Finalement, je me suis dit qu'il valait mieux consulter un pro, une psy.
J'ai vidé mon sac d'enfance devant elle.
Elle m'a dit "“après tout ce que vous avez traversé, vous avez manqué de ceci et pas eu assez de cela et donc pas étonnant que vous êtes déprimée. Il va falloir prendre soin de vous. Il faut mettre un baume sur ces blessures encore ouvertes. Respirer mieux. Vous consoler. Vous faire masser. Vous faire comprendre. Être toute douce et toute gentille avec vous.”
J'étais aux anges, enfin quelqu'un qui comprenait à quel point j'étais une victime impuissante depuis toujours. J'étais volontaire à essayer toutes ses suggestions :
" Merci pour ces bons conseils. Quel type de massage vous me recommandez ? Se prendre dans ses propres bras combien de fois par semaine ? … Et après, mes émotions vont s’en aller ? Elles débarrasseront le plancher ? Je vais enfin goûter à la félicité ?"
Ben non, être un Bisounours avec moi s’est avéré très agréable, j’en conviens, mais cela n’a pas gommé mon malêtre.
Et la pensée positive non plus.
Ni les affirmations mille fois répétées comme quoi tout allait bien dans le meilleur des mondes.
Les visualisations de belles plages tropicales ? Niet. Que dalle.
J'ai compris que je luttais encore et toujours contre mes émotions, même si cette fois-ci, j'utilisais des pâquerettes au lieu d'un bazooka. Je leur livrais une guerre déguisée et l'intention était le même : je voulais m'en débarrasser à tout prix.
Alors, était-ce inéluctable de subir ma tristesse, ma colère et mon anxiété sans issue de secours ? Ne me restait-il comme seule option de prendre des médocs ?
Un jour, une amie qui s’inquiétait pour moi m’a dit “Si tu te penchais sur le Travail de Byron Katie, te connaissant, ça changerait tout dans ta vie”.
J’ai suivi son conseil.
Un peu dubitative, je me suis procuré les bouquins en version audio. J’ai commencé à écouter les séances d'accompagnement que Katie donnait en public.
La rapidité de la métamorphose émotionnelle des personnes qu’elle accompagnait m’a impressionnée : en quelques minutes seulement, ils passaient de la colère à la tolérance, de la déprime aux éclats de rire, de la déception à la gratitude.
Ils arrivaient plombés, ils repartaient radieux. C’était comme de l’alchimie.
Katie basait son accompagnement sur ce principe tout simple :
“Une émotion est une sonnette d’alarme qui te prévient que tu t’accroches à quelque chose qui n’est pas vrai pour toi.” Byron Katie
Ah, mais ça change tout !
Cela veut dire que pour aller mieux, pas besoin de se débarrasser de ses émotions, ni même de les apaiser, mais au contraire, on peut les mettre à contribution pour s’en libérer.
Loin d'être un problème, elles sont un pas vers la solution. Elles sont un outil, un fil d’Ariane qui permet de remonter à leur cause.
Et c’est de cette cause dont il faut s’occuper, une fois qu’on l’a dénichée.
Pas de cause, pas d’effet. C’est logique.
Et où est-ce qu’il faut aller courir pour la trouver, cette cause ? Pas plus loin qu’à l’intérieur de soi. C’est bien pratique car accessible H24.
Imagine que tu es bien tranquille à bouquiner dans ton salon pendant que tu te mijotes un petit plat dans la cuisine à côté.
Tout à coup, une alarme retentit. Aïe. Elle te casse les oreilles.
Est-ce que ce serait malin de taper sur l’alarme à coup de marteau pour la faire taire ?
Ou de l’éventer avec une plume d’ange en lui chantant une berceuse genre “calme-toi, je suis là, je t’écoute” ?
Ou même de “gérer” ses décibels pour continuer ta lecture, pépère dans ton salon ?
Tu vas faire cramer la baraque et toi avec !
Pourtant, c’est ce que j’ai fait pendant toutes ces années passées dans la confusion et l’abattement.
Non, je me contente d’éteindre sous la casserole et d’ouvrir grand les fenêtres. Et l’alarme se coupe d’elle-même, comme par miracle, faute de raison de sonner.
Quand je m’occupe de leur cause, mes émotions se taisent enfin.
C’est tout calme à l’intérieur.
Et bien plus encore, c’est serein et gai en même temps. Léger. C’est comme s’éveiller dans un autre monde, une planète où il fait bon vivre.
J'ai enfin trouvé la clé pour me libérer de ma souffrance. En soi, c'est un grand soulagement.
Et c'est à la portée de tous
Les citations de Byron Katie, je ne m’en lasse pas. Je lui laisse donc le mot de la fin :
"Lorsqu’on prend conscience du fait que la souffrance et le malaise sont des appels à l’investigation et à la liberté qui en découle, on peut se réjouir d’éprouver des émotions pénibles. On peut même les considérer comme des amis qui viennent nous montrer ce qui n’a pas encore été suffisamment exploré." Byron Katie - Aimer ce qui est
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Margot 🌻
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