Le besoin de se justifier : le début du conflit ?

Qu'est-ce qu'entend Byron Katie lorsqu'elle dit "La défense est le premier acte de guerre" ? C'est ce que nous allons voir au travers d'exemples.

Voici une analyse sur le besoin de se justifier et ses conséquences sur nos relations avec soi-même et les autres.

Cela sera l’occasion de voir comment naissent certains conflits, ce qui se trame alors à l’intérieur de soi et en quoi la pratique du Travail de Byron Katie peut nous aider à cultiver d’autres réflexes plus salutaires.


Tout commence par une remarque qui nous froisse…

Il est 13h30. Je me pointe à un rendez-vous avec une collègue. J’affiche un large sourire pour signifier que tout va bien et que je suis contente de retrouver la personne.

Elle me dit : « Margot, tu es en retard, on s’était dit qu’on se retrouvait à 13h et il est 13h30 ».

Quand on se croit attaqué ou critiqué

Cette remarque fait mouche. Elle appuie sur mon bouton « défense et justification ». Immédiatement, sans prendre le temps d’y réfléchir, je me mets à débiter des explications, des excuses, mille et une raisons… peut-être même à lui renvoyer la balle.

« Ben, tu sais, c’est pas de ma faute. Je suis pourtant partie à l’heure mais il y a tellement de circulation à cette heure-là ! Et puis je ne pouvais pas savoir qu’il y avait de nouveaux des travaux. De toute façon, on avait prévu large, on va quand même finir à temps, non ? Toi aussi ça t’arrive d’être en retard. La semaine dernière, tu m’as fait poireauter un quart d’heure dans ton bureau pendant que tu bavardais à la machine à café. »

A ton avis, que se passe-t-il ensuite ?


C'est ainsi que nait un conflit

Mets-toi un instant dans la peau de la personne qui m’attendait. Trouves-tu mes explications apaisantes ? Rassurantes ? Satisfaisantes ? Crédibles ? Que ressens-tu à m’écouter ? Comment as-tu tendance à réagir de ton côté, que ce soit de manière silencieuse ou verbalisée ? Quelle impression te laisse cet échange ?

Le besoin de se justifier : le début du conflit

Il y a fort à parier qu’à ton tour, tu vas exposer toute une panoplie de raisons et d’arguments qui expliquent en quoi j’ai tort d’être en retard ainsi que des conseils sur comment j’aurais pu l’éviter….

On entre dans un processus de surenchère ou chacun défend son point de vue. C’est à qui aura raison, à qui aura le dernier mot. Il y a escalade du conflit. Les deux partis se sentent attaqués. Ils ne se sentent ni entendus ni compris. Victimes.

Même si tu gardes ta contrariété sous silence, la confiance entre nous a été mise à mal.

Il devient évident que ma réaction défensive n’est pas très efficace pour entretenir la bonne entente entre nous.


Dans les coulisses de notre for intérieur

Comment se fait-il que l’on parte ainsi sur la défensive au quart de tour ? Que se passe-t-il à l’intérieur de soi en amont avant la salve d’explications, d’excuses, et même d’attaques, parfois ?

La critique prise comme une menace

Première constatation : la remarque de l’autre a été perçue comme une critique, une menace et donc on trouve tout naturel de déclencher un processus de « légitime défense ».

Comment s’organise cette défense ? Voici un résumé des différentes stratégies mises en oeuvre :

  • retrouver un semblant de sécurité en essayant de s’absoudre aux yeux de l’autre, de faire appel à sa clémence pour qu’on s’accorde tous les deux à me considérer comme une victime des circonstances, en aucun cas responsable de la situation.
    « C’est pas de ma faute. J’ai fait de mon mieux, mais voilà, il s’est passé ceci et j’ai dû composer avec cela… »
  • prouver qu’on a raison en déployant des arguments plus ou moins fondés (mais là n’est pas la question)… ce qui sous-entend que l’autre a tort, que sa remarque est déplacée, n’a pas lieu d’être, est injuste
    « Se rencontrer à 13h30, c’est bien suffisant, on n’avait pas besoin de se voir si tôt. Puis, on perd un temps précieux à débattre de tout ça alors qu’on pourrait simplement se mettre au boulot »
    • contre-attaquer parfois pour prouver qu’on est pas le (seul) fautif. Démontrer à l’autre qu’il en fait tout autant ou pire et qu’il n’a donc pas le droit au chapitre sur ce sujet. Essayer de lui clouer le bec 

    « Pour une fois que toi tu es à l’heure. Souvent, j’en fais exprès de me pointer avec 10 minutes de retard parce que je sais que je vais devoir t’attendre de toute manière. C’est pas comme si tu étais la reine de la ponctualité ! »


    Mais derrière ces arguments plus ou moins percutants se tapit un sentiment de culpabilité, d’avoir fait quelque chose de répréhensible.

      « Mince, c’est vrai que j’ai décidé de passer un dernier appel avant d’aller au rendez-vous… j’ai mal calculé mon coup, j’aurais pu m’excuser et raccrocher plus tôt ».

      J’ai pu observer que plus je me défends avec véhémence et avec une apparente conviction, plus se cache derrière cette démonstration de force une autocritique sévère et à peine consciente.

      Dans ces moments-là, je ne suis disponible ni à moi-même pour aller voir quel est le point sensible qui a été touché, ce que je tente de dissimuler derrière le rideau de fumée de mon emportement, ni à l’autre qui pourtant a dû supporter les conséquences de mon retard.

      Je me conforte ainsi dans mon état de victime, de malaimée. Il m’apparait donc comme normal que je me défende.


      La remarque et le sens de la remarque

      En me disant que je suis en retard, ma collègue ne fait que relater un fait. C’est une observation. Un constat.

      Mais mon mental ne s’en tient pas là. Il rajoute son interprétation, son grain de sel.

      « Ca veut dire qu’elle m’en veut, elle ne me comprend pas, elle me critique injustement, elle n’en a rien à faire de moi, elle ne m’aime pas, elle se croit mieux que moi. »

      Tout du long de ce processus, on a l’impression que le problème vient de l’extérieur alors que cela vient d’une pensée qui a émergé dans notre propre monde et qu’on attribue à l’autre.

      Immédiatement, on voit et on entend la personne comme une ennemie. Quelqu’un à vaincre, à convaincre, à faire plier sous nos arguments,

      On doit reconquérir la bonne opinion que l’autre est censé avoir de nous. On doit prouver qu’on a raison, coûte que coûte.

      C’est là que la citation de Byron Katie : la défense est le premier acte de guerre  prend tout son sens.

      On se défend contre une menace qui n’en est pas une. On rétorque. C’est la naissance du conflit.

      Mais, une fois de plus, l’opinion que l’on a de la personne à qui on s’oppose s’est forgée à l’intérieur de soi.

      C’est donc là qu’il va falloir s’en occuper. Aller faire la part des choses. C’est là que l’on va enterrer la hache de guerre.

      La bonne nouvelle, c’est qu’on n’a pas besoin d’être deux pour résoudre un conflit.


      Appliquer le Travail de Byron Katie pour passer de la justification à la compréhension

      Les mécanismes de défense et de justification nous donnent des opportunités à foison de mettre le Travail de Byron Katie en pratique.

      Une bonne vieille feuille de Travail « Jugez votre prochain » sur la personne concernée constitue un excellent point de départ, bien sûr (si tu ne sais pas de quoi il s’agit, je te suggère de consulter le mini cours en vidéos « La Boussole »)

      Puis, on peut également aller voir les origines de la voix du persécuteur qui se fait entendre à l’intérieur de soi et qui nous prend à défaut… qui lui, sait qu’on ne donne pas à notre interlocuteur toute l’histoire, qu’à l’intérieur, on entend aussi :

      « Tu aurais dû faire un effort pour partir plus tôt, tu sais bien que tu es parti à la dernière minute parce que tu voulais finir de regarder ta vidéo et que tu avais la flemme d’envoyer un petit message pour prévenir de ton retard. »

      Au départ, se justifier est un réflexe mais plus on remet ses pensées en question, moins on a tendance à donner du crédit et donc du pouvoir aux pensées qui nous traversent.

      On a le choix (que l’on avait pas avant quand tout se déclenchait automatiquement), on prend du recul.

      C’est là que la paix commence à s’installer.

      Suite au Travail, on peut se surprendre à réagir autrement une prochaine fois dans des circonstances similaires.

      Cela pourrait donner :

      « Margot tu es en retard, on avait dit 13h.»


      Plus cela s’apaise, plus on trouve les mots :

      « Effectivement, je suis en retard. Merci pour ta patience. »


      Mais on n’a pas ce réflexe si l'on n’a pas fait son Travail auparavant.


      Cela ne veut pas dire qu’on se comporte en paillasson

      Par exemple, après avoir examiné la situation à tête reposée, s’il s’avère que ce n’est pas vrai pour moi que je suis en retard, rien ne m’empêche de l’exprimer. Si je n’ai pas commis "l’erreur" qu’on me reproche, selon moi, je ne vais pas prétendre l’avoir fait.

      « Margot, tu es en retard, on avait dit 13h00.»

      - Ce n’est pas mon expérience, je crois qu’on avait bien dit 13h30 mais il est possible que je me trompe. Merci de me corriger si c’est le cas parce que je souhaite vraiment être à l’heure la prochaine fois, c’est important pour moi. »


      On ne laisse alors aucune place aux faux semblants, on énonce simplement la vérité telle qu’on l’a découverte à l’intérieur de soi.

      Si quelqu’un dit quelque chose avec lequel on n’est pas d’accord, on peut l’exprimer sans pour autant se sentir en danger et donc avoir l’impulsion de se défendre. On s'aperçoit que les remarques de l’autre ne nous visent pas personnellement.

      Au lieu de voir la personne concernée comme attaquante, malveillante et critique, on constate qu’on est face à quelqu’un qui énonce quelque chose qui est vrai pour elle et même aussi pour soi, après examen.

      Il n’y a pas de quoi monter sur ses grands chevaux et aller guerroyer.

      On évite le conflit, tout simplement.

      Au final, la pratique du Travail de Byron Katie gomme peu à peu le besoin de se défendre et de se justifier qui conduit généralement à davantage de critiques de la part de l'autre. Il nous aide à prendre du recul et à cultiver d'autres réflexes de communication en conservant le lien avec notre interlocuteur.

      Les deux partis se sentent enfin entendus et compris ce qui laisse la place à plus de paix et d’harmonie dans nos relations.

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      Margot 🌻


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      Catégories: Analyse, Citation